J’ai reçu ce témoignage écrit intéressant de la part d’un camarade suisse.
Surpris et amusé le samedi 29 février, je reçois un appel de mon supérieur m’annonçant que je suis en quarantaine 14 jours à partir du jeudi 27 février, jour auquel je suis rentré en contact avec un élève testé positif au covid 19 ; avec moi, plusieurs élèves et professeurs du même établissement. Depuis plusieurs semaines avec des camarades on ironisait sur la situation que vivaient les bouffeurs de chauves-souris chinois. Quelle ironie de voir que j’allais être le premier concerné par cette situation. Cette situation relevant autrefois de l’improbable et du fantasme allait devenir réalité. Avec un petit clin d’œil à mon compatriote nous sommes, ou du moins je suis, en situation de rupture par rapport à la normalité.
Tout d’abord, voici les instructions reçues par le canton :
- De rester à la maison jusqu’au 12.03.2020, inclus (éviction sociale et professionnelle (quarantaine)).
- De surveiller votre état de santé chaque jour :
a. Mesurez et notez votre température 2 fois par jour.
b. Pour faciliter la surveillance de votre santé, nous vous envoyons un tableau en annexe. Nous vous demandons de le remplir deux fois par jour et de nous l’envoyer avant 10h tous les matins. Vous pouvez nous l’envoyer sous n’importe quelle forme électronique.
c. En cas de symptômes, veuillez nous contacter au 03….. etc. (8-17 heures).
- En aucun cas, vous n’êtes autorisé à visiter des rassemblements de personnes. Vous n’êtes pas non plus autorisé à utiliser les transports publics !
Puisque j’ai 4 personnes avec moi à la maison ma quarantaine est réduite à mon bureau ou par chance, j’ai un lit pour les invités et un des deux WC m’est réservé. Lorsque je sors du bureau pour aller au WC par exemple, je dois porter un masque et me désinfecter les mains avant de sortir du bureau ou des toilettes.
Imaginez-vous être père de famille et n’avoir droit à aucun contact avec vos proches, qui se limitent à un contact oral très rarement, pas de bisous, de câlins pour dire bonne nuit à mes enfants, et pas non plus à ma femme. Le jeudi, je n’ai pas pris ça très au sérieux lorsqu’un collègue m’a fait part de son inquiétude concernant un voyage récent d’un élève dans une zone à risque ; le samedi j’annonce à ma famille ce qui m’a été définie comme << une éviction sociale et professionnelle >> avec un ton décontracté.
J’ai de la chance de ne pas vivre seul je ne peux pas imaginer ce que c’est pour ceux qui vivent seuls (courses, rdv, ect…) heureusement qu’il y a internet également. Ayant pleins de temps devant moi j’ai pu suivre en détail la situation avec le covid 19 à travers le monde, situation qui a mon avis, doit être prise très au sérieux. Finalement de faire des réserves depuis plusieurs années aura servi à quelque chose : il faut toujours être prévoyant surtout lorsque l’on est père de famille.
Je précise qu’à aucun moment le canton ou la commune ne m’a demandé si j’avais des besoins alimentaires ou autre, je vous invite à méditer sur cela. Au moment où j’écris, nous sommes le 10 mars, l’Italie entière est mise en quarantaine et la Suisse comme la France n’ont toujours pas selon moi pris de mesures satisfaisantes – la situation a changé depuis, sans doute trop tard.
Soyez prudents, observez l’évolution de la situation avec attention ; pour les Français je pense qu’il est intéressant de s’informer sur les médias suisses francophones. Prenez soin de vous de vos proches et comme dirait Piero : préparez-vous.