VILNIUS (Reuters) – Le parlement lituanien a adopté un projet de loi autorisant la détention à grande échelle des demandeurs d’asile, limitant aussi les procédures d’appel de ceux-ci, avec pour objectif de dissuader les migrants qui tentent de franchir la frontière avec la Biélorussie.
Le projet de loi a été adopté à une majorité de 84 députés sur 141, en dépit des protestations de la Croix rouge et d’autres organisations non gouvernementales pour qui le texte ne respecte ni les engagements internationaux de la Lituanie ni les droits des migrants [Note : pourquoi les migrants auraient des droits spéciaux ?].
Des représentants lituaniens et de l’Union européenne ont accusé la Biélorussie d’utiliser les migrants illégaux comme une arme politique afin d’exercer des pressions sur Bruxelles suite aux sanctions européennes contre Minsk. Alors que la Lituanie voit traditionnellement moins d’une centaine de migrants arriver chaque année, elle a vu 1.700 personnes arriver sur son territoire en provenance de la Biélorussie cette année, dont 1.100 depuis le début du mois de juillet.
La Première ministre lituanienne Ingrida Simonyte a déclaré que les mesures de détention permettraient d’éviter que les migrants poursuivent illégalement leur route vers l’ouest de l’UE, destination privilégiée ces dernières années pour la majorité des migrants entrant dans le bloc communautaire. En présentant le projet de loi, la ministre de l’Intérieur a souligné que le texte était destiné à clairement “envoyer le message aux Irakiens et aux autres que ce n’est pas une route pratique, les conditions ne seront pas bonnes ici”.
Agne Bilotaite a ajouté que les migrants arrivés récemment n’étaient “pas de vrais demandeurs d’asile” mais un “outil utilisé contre la Lituanie” par le président biélorusse Alexandre Loukachenko, qui a promis des représailles contre l’UE suite aux mesures prises par Bruxelles pour sanctionner sa répression violente des manifestations en Biélorussie.
La nouvelle loi interdit toute remise en liberté des migrants pendant six mois après leur arrivée, limite le droit d’appel des demandeurs d’asile déboutés et stipule que les migrants peuvent être expulsés pendant l’examen de leur appel. Celle-ci supprime aussi la plupart des droits accordés aux migrants, tels que le droit à un traducteur ou le droit d’obtenir des informations sur leur statut et la procédure d’asile.