L’attaquant emblématique du Bayern Munich, longtemps recordman de buts en Coupe du monde, est décédé à l’âge de 75 ans. Sa carrière de joueur est immense.
Gerd Müller, « le Bombardier », est donc décédé à l’âge de 75 ans, a annoncé son ancien club, le Bayern Munich. « Aujourd’hui est un jour triste, noir, pour le Bayern et ses supporteurs », a déclaré dans un communiqué le président du club
« Je suis convaincu que les gens parleront encore de lui dans cent ans », avait lancé en novembre 2020 son grand ami Franz Beckenbauer, avec qui il fut champion du monde en 1974 et trois fois champion d’Europe des clubs de 1974 à 1976. Le « Kaiser Franz », que les Allemands tiennent pour le plus grand joueur de leur histoire, faisait même preuve d’humilité face au talent de son ex-coéquipier : « À mes yeux, il est le joueur le plus important de l’histoire du Bayern, disait-il, c’est grâce à ses buts que le club a accédé au niveau international où il évolue encore. »
Le monde du football n’avait pas attendu sa mort pour se prosterner devant ce joueur de taille moyenne (1,76 m), trapu et incroyablement vif, qui remporta aussi l’Euro en 1972 avec la fabuleuse équipe du gardien Sepp Maier, autre monstre sacré. Pour Karl-Heinz Rummenigge, l’un de ses successeurs au palmarès du Ballon d’or et actuel patron du Bayern, « Gerd Müller fut le meilleur avant-centre de tous les temps ». « Un attaquant comme nous n’en verrons plus jamais dans le football moderne », ajoutait Joachim Löw, le sélectionneur national champion du monde 2014.
« Lente glissade vers l’au-delà »
Pour son 75e anniversaire (le 3 novembre 2020), son épouse Uschi avait donné une émouvante interview, décrivant avec pudeur la « lente glissade vers l’au-delà » de son époux, victime de la maladie d’Alzheimer. « Il est presque 24 heures sur 24 au lit, il n’a plus que de rares moments d’éveil », affirmait-elle, « c’est beau lorsqu’il ouvre un peu les yeux. Parfois, il arrive à faire oui ou non en bougeant un cil […], il est calme et paisible, je crois qu’il ne souffre pas ».
Müller a marqué plus de 700 buts dans sa carrière mais quelques-uns l’ont fait entrer dans l’histoire. Un doublé en finale de l’Euro 1972 contre l’URSS (3-0) et, surtout, ce tir en pivot dans la surface deux ans plus tard, en finale du Mondial 1974, sur sa pelouse fétiche de Munich : le 2-1 du triomphe allemand contre les favoris néerlandais de Johan Cruyff. Ce but, « le plus important » de toute sa carrière, disait-il, a aussi été le 68e et dernier inscrit en 62 sélections et le 14e en autant de matchs de phase finale de Coupe du monde (1970, 1974).
Son record de but en sélection a été battu par Miroslav Klose (71) mais Müller reste le seul buteur de l’histoire de la Mannschaft (parmi les plus de 15 buts) à avoir marqué plus d’une fois par match en moyenne.
Homme de records
En Bundesliga, son total de 365 buts en 427 matchs semble de nos jours impossible à atteindre (son suivant immédiat Robert Lewandowski en est à 278). Après le Mondial 1974, le « Bombardier de la nation » avait décidé à 28 ans seulement de mettre un terme à sa carrière internationale, estimant qu’un titre de champion du monde lui offrait la plus belle des sorties.
Mais il continua de faire le bonheur du Bayern Munich jusqu’en 1979, avec qui il a remporté, en plus de ses trois C1, quatre titres de champion d’Allemagne (1969, 1972, 1973, 1974), quatre coupes nationales, une coupe d’Europe des vainqueurs de coupes et une coupe du monde des clubs.
Après une dernière aventure aux États-Unis (1979-1981), où il joua sous le maillot de Fort Lauderdale, Müller sombra dans l’alcool et la dépression sitôt prise sa retraite sportive. Il fut sauvé par son ami et ex-coéquipier Uli Hoeness, qui lui proposa de revenir au Bayern Munich pour entraîner l’équipe réserve. La grande famille du Bayern, qui ne laisse jamais tomber ses glorieux membres, s’est chargée d’annoncer la nouvelle de son décès, comme elle avait officialisé sa maladie.