Les gardes à la frontière saoudienne ont tué des centaines de migrants non armés cherchant l’asile dans le royaume ces dernières années, selon un rapport publié lundi par Human Rights Watch.
Les gardes-frontières saoudiens ont utilisé des mitrailleuses et des obus de mortier pour probablement tuer des centaines, voire des milliers d’Éthiopiens qui tentaient d’entrer dans le Royaume d’Arabie saoudite, a rapporté Human Rights Watch. L’Arabie saoudite abrite actuellement 750 000 Éthiopiens, dont 450 000 sont entrés illégalement dans le pays en provenance du Yémen déchiré par la guerre, selon l’Associated Press.
« Les autorités saoudiennes tuent des centaines de migrants et de demandeurs d’asile dans cette zone frontalière isolée, à l’abri des regards du reste du monde », a déclaré Nadia Hardman, chercheuse sur les droits des réfugiés et des migrants à Human Rights Watch, dans le rapport. “Dépenser des milliards pour acheter du golf professionnel, des clubs de football et de grands événements de divertissement pour améliorer l’image saoudienne ne devrait pas détourner l’attention de ces crimes horribles.”
Les Nations Unies ont déclaré à l’Arabie saoudite dans une lettre de 2022 qu’elles avaient reçu des « allégations » selon lesquelles le pays tuait des migrants non armés à la frontière et capturait et torturait ceux qui n’avaient pas été tués, selon l’AP.
« Si les migrants sont capturés, ils seraient souvent soumis à la torture en étant alignés et touchés par une balle dans le côté de la jambe pour voir jusqu’où ira la balle ou en leur demandant s’ils préfèrent recevoir une balle dans la main ou la jambe », a-t-il ajouté. La lettre de l’ONU se lit, selon l’AP. “Les survivants de ces attaques ont déclaré avoir dû “faire le mort” pendant un certain temps pour s’échapper.”
L’Arabie saoudite a répondu plus tôt cette année qu’elle « réfute catégoriquement » les allégations de meurtres « systématiques » à sa frontière avec le Yémen, selon l’AP. Un responsable du gouvernement saoudien a déclaré que le rapport de Human Rights Watch publié lundi était « sans fondement et non basé sur des sources fiables », mais n’a fourni aucune preuve pour étayer cette affirmation.
Le rapport a été compilé à partir d’un examen de 350 vidéos et photographies recueillies entre 2021 et 2023, ainsi que d’un examen de centaines de kilomètres d’images satellite, selon Human Rights Watch. Ces informations ont également été recueillies grâce aux témoignages oculaires de 38 migrants éthiopiens et de quatre proches qui ont vu des gardes-frontières saoudiens tirer avec des armes à feu ou des explosifs sur d’autres migrants tentant de traverser la frontière.
Un migrant a décrit un cas survenu en juin 2023, au cours duquel des gardes-frontières saoudiens ont capturé un certain nombre de migrants, les ont ramenés à la frontière, les ont relâchés et ont commencé à leur tirer des obus de mortier « comme de la pluie » alors qu’ils couraient vers le Yémen.
« Nous nous reposions ensemble après avoir beaucoup couru… et c’est à ce moment-là qu’ils ont tiré des mortiers sur notre groupe. Directement chez nous. Nous étions 20 personnes dans notre groupe et seulement dix ont survécu… ils nous ont tiré dessus comme de la pluie qui tombe du ciel », a déclaré le migrant à Human Rights Watch.
La mission de l’Arabie saoudite auprès de l’ONU n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires.
