Histoire – Ces autres “Braves” : les Amérindiens qui ont lutté pour leur droit fondamental à survivre en tant que peuple autochtone

Les Braves (Amérindiens)

Durant les guerres indiennes qui se sont déroulées au milieu du XIXème siècle, les guerriers Indiens d’Amérique du Nord étaient connus sous le nom de Braves. L’obtention d’une plume d’aigle, insigne traditionnelle des Amérindiens Braves, représentait un important rite de passage à l’âge adulte.

Les plumes d’aigle

Pour devenir un guerrier et obtenir de ce fait le droit de porter la plume d’aigle, les jeunes amérindiens devaient accomplir un acte courageux au nom de leur tribu. Pour les peuples des grandes plaines comme les Sioux ou les Apaches, cet acte pouvait être d’abattre et de scalper un ennemi, de capturer un cheval, de désarmer un adversaire, d’infiltrer un camp adverse, de prendre un prisonnier ou de toucher trois fois un même adversaire lors d’un combat. Peu de Braves ont reçu plus de trois plumes d’aigle dans leur vie – les aigles étaient rares et qui plus est sacrés – mais certains dont le courage et le talent furent exceptionnels, tels que Sitting Bull, Geronimo ou Cochise, en ont rassemblé suffisamment pour faire une coiffe complète.

Les indigènes des grandes plaines décoraient fréquemment leurs habits de cuir avec des scalps d’ennemis ou des os qui faisaient office d’armure contre les armes blanches. Ils ajoutaient également des griffes d’ours, des dents de loup ou des épines de porc-épic pour mettre en avant leurs qualités de chasseurs. A ceci étaient ajoutés des colliers de perles en verre ou des ornements argentés réalisés à partir de pesos ou de dollars. Ces décorations servaient à la fois à impressionner l’ennemi et à être préparé à rencontrer le Grand Esprit (Dieu) s’ils venaient à mourir au combat. Les motifs de décorations censés protéger le guerrier au combat pouvaient être l’oiseau-tonnerre, des diamants ou des croix, ou encore des zigzags blancs, cyan, noirs, rouges, orange et jaunes.

D’autres tribus comme les Pawnee, les Iroquois ou les Mohawk autorisaient leurs guerriers à porter une coupe de cheveux en crête iroquoise et à raser leur crâne après avoir participé à leur première bataille, ce qui faisait office de rite de passage. Les scarifications et les tatouages étaient utilisés dans les tribus du Sud Est – Cherokee, Seminole, Crees – pour montrer sa résistance à la douleur, faire allégence à une tribu, exhiber son statut marital ou attirer les faveurs de certains totems comme le Corbeau, le Serpent ou le Grand Ours. Les shamans utilisaient des épines de cactus et une encre à base de carbone pour tatouer leurs guerriers, plusieurs siècles avant l’arrivée des premiers pionniers européens.

Emploi des chevaux

Les amérindiens apprenaient l’équitation très jeunes sur des petits chevaux de race cayuse amenés par les Conquistadors espagnols. Ces chevaux étaient montés sans selle, avec une simple couverture pour améliorer le confort. Les braves s’agrippaient aux flancs des chevaux pour se protéger pendant les combats tout en tirant sur leurs ennemis avec leur arc ou leur arme à feu.

Combat au corps à corps

Lors d’un combat rapproché, les braves privilégiaient l’usage d’armes blanches telles que les couteaux. Les Tomahawks, qui étaient à l’origines taillés dans de la pierre, ont été remplacés à partir du XVIIIème siècle par des haches en métal accessibles par le commerce. Certaines présentaient des découpes décoratives en forme d’étoile ou de coeur, ou encore de calumets pour les chefs de tribus.

Combat à distance

Avant l’arrivée des Blancs, les Amérindiens se battaient avec des arcs et des lance-pierres lors de leurs escarmouches avec des tribus rivales. L’usage des armes à feu s’est quant à lui popularisé à la fin du XVIIIème siècle. Durant les Guerres Indiennes entre les colons et les Braves, ces derniers ont utilisé de nombreux types d’armes à feu qu’ils prenaient aux cavaliers ennemis : pistolets et fusils de toutes sortes, Colts, fusils Sharps, Springfield ou encore Remington, mais aussi des armes semi-automatiques – Winchester ou Spencer. Elles ont joué un rôle important dans les succès remportés par des chefs indiens tels que Red Cloud et ses Cheyennes contre les « chemises bleues », les militaires américains. Malheureusement la guerre d’usure et les crimes de ces derniers contre les femmes et les enfants amérindiens ont poussé les Braves à la reddition.

Les Braves dans la culture populaire

Bien que les Braves aient été fréquemment déshumanisés et diabolisés par leurs contemporains, ils ont pu être dépeints d’une manière plus sympathique dans les romans. Ainsi Chingachgook, issu du Dernier des Mohicans de Cooper, le personnage Winnetou des écrits du romancier Karl Friedrich May ou encore Deerfoot (Edward S. Ellis) sont-ils présentés comme des hommes sincères, héroïques et tout aussi intelligents et capables que les Blancs.

Au milieu du XXème siècle, la bande dessinée a plutôt installé la vision de « bons sauvages », avec des personnages comme Little Plum (Petite Prune) dans l’hebdomadaire The Beano, ou encore Oumpah-pah le Peau-Rouge. Ils ont été dépeints comme maladroits et quelque peu stupides dans un but humoristique.

Dans le contexte de la guerre froide, les « westerns rouges » produits en Allemagne de l’Est comme Le Fils de la Grande Ourse ou en Union Soviétique ont pris le contrepied des productions américaines en romançant la résistance des Braves au génocide perpétré par les Blancs. De nos jours encore, les « Indiens Rouges » sont très respectés en Russie et en Allemagne, le rouge étant davantage associé au courage guerrier qu’à la couleur de peau.

L’héritage des Braves

Beaucoup d’Amérindiens ont rejoint les forces armées américaines durant les deux Guerres Mondiales, ce qui leur a permis de renouer avec la fierté de leur héritage guerrier. L’écrivain amérindien Joseph Medicine Crow, par exemple, qui portait des peintures de guerre lors des combats qu’il a menés en Europe, a été décoré de plumes d’aigles et honoré du titre de chef par les anciens de sa tribu car les quatre actes de bravoures qu’il a accomplis s’inscrivaient dans les traditions guerrières des Braves.

Notons enfin que l’expression « Paix des Braves » a été utilisée pour désigner différents accords de paix entre le Canada et les autochtones Amérindiens.


Merci à Martin et au reste de l’équipe pour les traductions régulières.

Total
0
Shares
Previous Post

Super Danny Live PUBLIC – 25 ans, référent Braves, marié à une Ukrainienne, entretien avec Alphonse White – Vidéo

Next Post

Littérature – Le chemin de la Renaissance boréale contre le gauchisme – Anatoly Livry