Histoire – La bataille d’Otrante, en Italie – Courage surhumain des chrétiens face à l’invasion ottomane et sa cruauté

La bataille d’Otrante est le nom sous lequel est connu le combat qui se déroula dans la ville homonyme du sud de l’Italie, quand en l’an 1480, une armée ottomane attaqua la ville, qui appartenait alors aux Aragonais.

Au terme de la bataille, le 14 août 1480, huit cent italiens qui avaient refusé de renier la religion chrétienne, furent décapités sur le col de la Minerve. On les commémore comme les saints martyrs d’Otrante. Leurs reliques sont conservées dans la cathédrale de la ville.

À la suite de la bataille et de l’invasion des Ottomans, le monastère de Saint-Nicolas de Casole qui abritait alors l’une des plus riches bibliothèques d’Europe, fut complètement détruit par les musulmans.
Les faits de la bataille furent relatés sous forme de roman par Maria Corti, dans le livre L’ora di tutti, et par Rina Durante dans le feuilleton Le saccage d’Otrante.

L’occupation turco-ottomane d’Otrante

Mehmed II, une trentaine d’années après la prise de Constantinople (1453), et grâce aux richesses que lui avait apportées cette ville, disposait d’une flotte et d’une armée qui pouvaient lui permettre de menacer l’Europe. Son artillerie était des plus efficaces, et ne craignait aucune comparaison.

Il avait maintes fois essayé de se libérer des Chevaliers de Rhodes, la dernière île ennemie qui, entourée par ses possessions, continuait à lui résister.

Courant mai 1480, la flotte turque fit une nouvelle fois route vers Rhodes ; Ferrante de Naples, envoya deux gros navires au secours des Chevaliers. En réalité c’était une action de diversion de la part du sultan. En effet celui-ci, contre toute attente et simultanément, fit prendre la mer à une seconde flotte qu’il avait préparée à Valona, en Albanie. Le sultan voulait attaquer le Royaume de Naples et non Rhodes. Il avait choisi comme objectif Brindisi, prétextant de soi-disant droits turcs sur l’hérédité des princes de Tarente. Mehmed II, dans un premier temps, (indépendamment de son rêve de prendre Rome), voulait punir Ferrante d’Aragon d’avoir aidé les Chevaliers de Rhodes et les insurgés albanais.

Gedik Ahmed Pacha était le commandant de la flotte turque. Il était célèbre en tant que Giacometto, félon grec ou peut-être albanais, qui fut parmi les premiers à apprendre aux Turcs l’art de la navigation. Gedik Ahmed Pacha venait d’être désigné sançak bey, gouverneur du sandjak (c’est-à-dire d’une partie de la province) de Valona. Sa flotte était très importante. Les sources historiques parlent de 70 à 200 navires capables de transporter entre 18 000 et 100 000 hommes. Ces chiffres sont difficiles à établir selon la définition que l’on fait du navire.

L’armée turque se concentra à Valona afin d’y embarquer les troupes. Elle traversa de nuit le canal d’Otrante. Le 28 juillet 1480, elle fut poussée par une puissante tramontane devant Otrante, port facile à conquérir et plus proche de la côte albanaise. Otrante était une ville riche et florissante, mais ses fortifications étaient inadaptées à la défense face aux artilleries turques. Ce sont pourtant ces fortifications qui auraient pu protéger Otrante (qui ne comptait alors que 6 000 habitants) des 18 000 adversaires. La crise italienne favorisait les Turcs. Les états italiens divisés étaient incapables d’opposer une quelconque force politico-militaire.

En 1479, la paix qui avait mis fin à la longue guerre turco-vénitienne, avait de fait provoqué la neutralité de Venise. La Sérénissime était de toute façon hostile à Ferdinand de Naples (1458-1494) auquel elle voulait prendre les villes des Pouilles. De ce fait, Venise n’empêcha pas le passage d’une aussi grande flotte (trahison ignoble). Les Turcs savaient aussi que les armées aragonaises et papales étaient en guerre depuis 1478 contre Florence. Cet environnement favorable permettait aux Turcs d’envisager la création d’une tête de pont en Salente, qui serait une épine dans le flanc des puissances chrétiennes.

Le 28 juillet, près des laghi Alimini, 16 000 hommes débarquèrent dans la zone aujourd’hui appelée « baie des Turcs ». Quelques escarmouches opposèrent les soldats de la garnison d’Otrante. Ceux-ci essayèrent de s’opposer au débarquement des Turcs, mais dépassés par le nombre, ils furent obligés de rentrer à l’intérieur des murs. Une fois l’artillerie débarquée, Gedik Ahmed Pacha commença le siège.

Le 29 juillet la garnison et tous les habitants abandonnèrent la ville proprement dite aux Turcs, afin de se retirer dans le château constitué par la citadelle. Le lendemain, les Turcs une fois la ville complètement occupée, se mirent à dévaster les habitations avoisinantes.

Seulement 400 hommes commandés par le capitaine Zurlo étaient affectés à la défense d’Otrante. Malgré le peu de moyens et la faiblesse des fortifications, les Otrantins choisirent de défendre leur ville. Quand Ahmed Pacha demanda aux défenseurs de se rendre, ceux-ci refusèrent immédiatement. Ahmed Pacha leur proposa pourtant la vie en échange de leur reddition, Zurlo dédaigneusement refusa. En réponse, l’artillerie turque pilonna immédiatement la citadelle.

La citadelle d’Otrante était dépourvue de canons et ses murs furent pilonnés sans cesse par l’artillerie ottomane. Les habitants d’Otrante résistèrent héroïquement. Dans la nuit, le peuple extrêmement affaibli et sous la conduite de Ladislao De Marco, se réunit dans la cathédrale et jura de résister jusqu’au dernier.
Les troupes musulmanes s’étaient scindées en deux groupes. L’un poursuivait le bombardement et le siège de la citadelle, l’autre divisé en petits groupes se répandit dans le territoire ; pillant, dévastant, prélevant des esclaves jusqu’à Lecce et Tarente. La défense désespérée de la citadelle dura deux semaines. Les Otrantins espéraient des secours de la part du roi et de son fils Alphonse, duc de Calabre, suzerains du midi et d’Otrante, mais cet espoir resta vain.

Le 11 août, après 15 jours de siège, Ahmed ordonna l’assaut final. L’énorme différence des forces en présence finit par décider du sort du siège. Le château céda et fut pris.

La cruauté des assaillants envers les habitants restés sans défense fut sans limite. Dans le massacre, tous les garçons de plus de 15 ans furent tués, les femmes et les enfants réduits à l’esclavage. Selon certaines estimations le nombre de morts, en incluant ceux des combats et des tirs d’artillerie, fut de l’ordre de 12 000 et les esclaves 5 000.

Les survivants et le clergé s’étaient réfugiés dans la cathédrale afin de prier avec l’archevêque Stefano Agricoli.
Ahmed Pacha leur ordonna de renier la foi chrétienne. Tous refusèrent.

Les Turcs firent irruption dans la cathédrale le 12 août 1480 et les capturèrent. Personne ne fut épargné et l’église en signe de dédain fut transformée en écurie à chevaux. Particulièrement barbare fut l’assassinat du vieil archevêque Stefano Agricoli qui, pendant que les turcs s’en prenaient à lui, continuait à inciter les mourants à s’en remettre à Dieu. Il fut décapité, taillé en pièces à l’aide de cimeterres. Sa tête fut embrochée sur une pique et portée dans les rues de la ville. Le commandant de la garnison Francesco Largo fut scié vivant.

À la tête des Otrantins qui, le 12 août 1480, s’étaient opposés à la conversion à l’Islam, il y avait aussi Antonio Pezzulla, dit le Primaldo. Le 14 août, Ahmed fit lier le reste des survivants et les fit traîner sur le col de la Minerva. Là, il fit décapiter au moins 800 Italiens en obligeant leurs proches à assister à l’exécution. Toutes ces personnes horriblement massacrées furent reconnues martyrs de l’église et vénérées comme Bienheureux, puis Saints martyrs d’Otrante. La plus grande partie de leurs ossements se trouve dans sept grandes armoires en bois, dans la chapelle des Martyrs bâtie dans l’abside droit de la cathédrale d’Otrante. Sur le col de la Minerve fut construite une petite église qui leur fut dédiée : Sainte-Marie des Martyrs.

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