Philippe Hategekimana, ancien gendarme rwandais de 66 ans, a été naturalisé français en 2005, sous le nom de Philippe Manier.
Il avait obtenu le statut de réfugié en France, sous une fausse identité. Domicilié en Ille-et-Vilaine, il s’est reconverti en agent de sécurité et travaille à l’université de Rennes 2 jusqu’en 2019. Philippe Hategekimana, de son vrai nom, va néanmoins devoir s’expliquer sur son passé meurtrier aux assises de Paris.
L’homme est renvoyé devant la Cour pour « génocide, crimes contre l’humanité et participation à une entente » en vue de la préparation de crimes.
Cet ancien adjudant-chef à la gendarmerie de Nyanza, au Rwanda, conteste les faits ; il est soupçonné des meurtres de dizaines de civils tutsis dont le bourgmestre de Ntyazo, Narcisse Nyagasaka, qui résistait à l’exécution du génocide dans sa commune.
Un rôle majeur dans ces massacres, selon plusieurs témoins
C’est le 5ème dossier donnant lieu à un procès en France pour des crimes commis au cours de ce génocide. Il a fait, d’après l’ONU, plus de 800 000 morts, essentiellement des Tutsi tués entre avril et juillet 1994.
Selon les plaignants, Philippe Hategekimana aurait « joué un rôle majeur », usant des « pouvoirs et de la force militaire qui lui étaient conférés par son grade afin de commettre et participer en tant qu’acteur, coauteur et complice au génocide ».
En plus du meurtre du bourgmestre de Ntyazo, il lui est aussi reproché « l’attaque et le massacre » de 300 civils tutsis réfugiés sur la colline de Nyamugari, le meurtre d’une religieuse, et son rôle dans l’attaque de réfugiés sur la colline de Nyabubare, pendant laquelle environ un millier de civils ont été tués (!) Selon les témoignages, il « donnait des ordres aux gendarmes qui s’exécutaient et participait lui-même aux opérations et aux attaques ».
