Littérature – “Guerre”, le roman inédit de Louis-Ferdinand Céline – Lecture et avis, vidéo, Vive l’Europe

Le premier des romans inédits, redécouverts en 2021, de l’auteur de « Voyage au bout de la nuit », paraît le 5 mai. Je le lirai en une journée et vous donnerai mon avis dessus le soir même, dans une émission en direct sur ma chaîne Vive l’Europe :

Le Monde a pu lire l’ouvrage en avant-première. Voici leur réaction :

C’est un miracle. Le mot n’est pas trop fort. Pour le dire simplement, Guerre, roman inédit de Louis-Ferdinand Céline (1894-1961) qui paraît le 5 mai à l’issue de circonstances rocambolesques près de quatre-vingt-dix ans après sa rédaction, mérite haut la main de trouver sa place dans les bibliothèques, entre Voyage au bout de la nuit (1932) et Mort à crédit (1936), les deux chefs-d’œuvre d’avant-guerre du romancier. « Guerre est tout sauf un fond de tiroir », résume Emile Brami, auteur d’une biographie de Céline (Ecriture, 2003). Il constitue, au contraire, une pièce centrale dans l’immense puzzle littéraire que Céline a façonné à partir de sa vie.

Ce récit haut en couleur de la convalescence de Ferdinand, le double romanesque de l’écrivain, à l’automne 1914, à Hazebrouck (Nord), après sa blessure sur le front, vient combler une ellipse laissée béante au cœur de Voyage au bout de la nuit. Tout à la fois récit de guerre, chronique provinciale et roman lubrique, cet inédit devrait faire frémir le lecteur de 2022 par sa crudité parfois insoutenable. Les éditions Gallimard ont bien mesuré l’importance de l’événement : elles ont décidé d’en imprimer d’emblée 80 000 exemplaires.

Bref détour par les jours confus de la libération de Paris

Miracle, surtout, car nous n’aurions jamais dû lire ces pages. Pour comprendre comment elles sont arrivées jusqu’à nous, un bref détour par les jours confus de la libération de Paris s’impose. Dès juin 1944, Louis-Ferdinand Céline sait, à cause de ses prises de positions collaborationnistes, que ses jours sont comptés sur la butte Montmartre, où il vit avec son épouse, Lucette. Ils ont tout juste le temps de coudre des pièces d’or dans la doublure d’une veste et d’embarquer leur chat, Bébert, avant de filer gare de l’Est, direction Baden-Baden, puis Sigmaringen, où ils retrouvent tous les ultras de la collaboration autour du maréchal Pétain.

Dans sa précipitation, la mort dans l’âme, l’écrivain doit abandonner une pile de manuscrits au-dessus d’une armoire de la rue Girardon. Ces liasses vont mystérieusement disparaître dans la confusion de la Libération. La rumeur, accréditée plus tard par Céline lui-même, accusera un certain Oscar Rosembly, arrêté à l’époque pour avoir « visité » les appartements de quelques personnalités montmartroises. Certains évoquent plutôt un pillage par un commando des Forces françaises de l’intérieur.

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