Censure à venir à l’Université de Montréal
Malgré la pandémie, la vie se poursuit, et les différents courants idéologiques qui cherchent à transformer la société continuent d’agir. On a pu le voir récemment avec la publication par l’Université de Montréal d’un rapport de la militante multiculturaliste Marie McAndrew, qui joue le rôle de « conseillère spéciale du recteur sur l’équité, la diversité et l’inclusion ». Tout un programme.
Il faut dire qu’à l’Université, et spécialement dans les départements de sciences sociales, les militants réussissent à se faire passer pour des scientifiques et de grands chercheurs, et que les médias se laissent trop souvent bluffer par leur jargon.
Jargon
Le titre du rapport : Équité, diversité et inclusion à l’Université de Montréal.
Ce rapport se veut un plaidoyer pour une meilleure reconnaissance « des diversités ». On sait ce à quoi ce terme réfère : il s’agit de compartimenter la population en catégories, principalement sexuelles et ethniques, avant d’en arriver à la conclusion, toujours, que les « minorités » sont opprimées d’une manière ou d’une autre. La moindre disparité statistique s’expliquerait par la présence d’une structure discriminatoire à démanteler. On connaît la chanson.
Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce rapport. Mais le segment touchant à la question de la liberté d’expression devrait particulièrement nous intéresser. Je reprends les mots qu’on y trouve : « Il convient de se pencher sur l’équilibre à respecter dans le cadre des activités organisées sur le campus entre la liberté d’expression des organisateurs et, le cas échéant, celle des conférenciers invités et l’importance de prendre en compte les sensibilités de certains groupes porteurs de diversités qui ont vécu et vivent encore souvent de l’exclusion et de l’oppression ».
Traduisons pour ceux qui ne sont pas familiarisés avec ce pénible jargon de faux savant. Il arrive que des étudiants invitent sur le campus des conférenciers qui déplaisent aux groupuscules de la gauche radicale, qui prétendent parler au nom des damnés de la terre, et qui prennent pour de la violence symbolique le simple fait de les contredire. Il faut donc « équilibrer » la liberté d’expression des intellectuels invités sur les campus avec la susceptibilité de ces groupes qui versent aisément dans le fanatisme idéologique.
Concrètement, ceux qui remettent en question l’immigration massive, le multiculturalisme, le néoféminisme, la théorie du genre et les autres discours qui forment l’orthodoxie universitaire seront de moins en moins les bienvenus sur les campus. Ne soyons pas surpris : la mouvance multiculturaliste mène désormais un combat assumé contre la liberté d’expression, en prétendant combattre les discours haineux.
Exclusion
Elle cherche moins à répondre à ses contradicteurs qu’à limiter leur accès à l’université, et plus largement, leur accès à la parole publique. Pour cela, elle les étiquette de manière injurieuse. Elle justifie leur exclusion à venir de forums ou de conférences. Évidemment, ce rapport dit cela subtilement. Mais il justifie à l’avance la censure des mal-pensants.
La seule diversité qui n’intéresse pas l’université d’aujourd’hui, c’est la diversité intellectuelle, celle des idées.
Un article de Mathieu Bock-Coté pour le Journal de Montréal