Le romancier Milan Kundera a reçu la citoyenneté tchèque, 40 ans après avoir été déchu de sa nationalité tchécoslovaque par le régime communiste, a annoncé mardi 3 décembre le ministère tchèque des Affaires étrangères.
Milan Kundera et son épouse Vera se sont vu remettre des documents à leur domicile par l’ambassadeur tchèque à Paris, Petr Drulak, le 28 novembre dernier, a déclaré à l’AFP Zuzana Stichova, la porte-parole du ministère. “Il n’y a pas eu de cérémonie, juste une livraison personnelle”, a-t-elle déclaré, ajoutant que selon le ministère tchèque des Affaires étrangères, les livres de M. Kundera “ont rendu la République tchèque célèbre dans le monde entier”.
Le Premier ministre tchèque Andrej Babis a proposé la citoyenneté à Milan Kundera et à son épouse lors de sa visite à Paris l’année dernière. “Ils étaient vraiment ravis. Ils sont conscients que ce n’est pas un moment qui changera leur vie, mais ils ont vraiment ressenti tout le caractère symbolique de la chose, et c’était très important pour eux”, a déclaré Petr Drulak au quotidien Pravo.
De la Tchéquie à la France
Milan Kundera, âgé de 90 ans, a quitté son pays d’origine pour la France en 1975. Les autorités tchécoslovaques lui ont retiré sa citoyenneté à la suite de la publication du Livre du rire et de l’oubli en 1979 (Gallimard, traduction de François Kerel), où il avait qualifié le président tchécoslovaque de l’époque, Gustav Husak, de “président de l’oubli”. Deux ans plus tard, en 1981, François Mitterrand lui a accordé la nationalité française.
L’écrivain se rend rarement en République tchèque. En 2008, un magazine tchèque a exhumé un “document” de la police communiste de Prague de 1950 suggérant que l’écrivain aurait dénoncé un de ses concitoyens durant la sombre période stalinienne. Blessé par ces accusations, Milan Kundera les a qualifiées de “pur mensonge”.
Milan Kundera est notamment l’auteur de La plaisanterie (Gallimard, 1968), Risibles amours (Gallimard, 1970), La vie est ailleurs (Gallimard, 1973), récompensé du prix Médicis étranger, La valse aux adieux (Gallimard, 1976) et L’insoutenable légèreté de l’être (Gallimard, 1984).
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rapporté par Daniel Conversano