Politique – la Chine ratifie un traité d’extradition des Ouïghours réfugiés en Turquie

La Chine a annoncé la ratification d’un traité d’extradition avec la Turquie, un texte que Pékin veut utiliser pour accélérer le retour de certains Ouïghours musulmans soupçonnés de «terrorisme» et réfugiés en Turquie.

La Turquie a des liens linguistiques et culturels avec les Ouïghours, des musulmans parlant une langue turcique. Ankara a ainsi longtemps été l’un des principaux défenseurs de leur cause sur la scène internationale, avant d’être plus discret. La Chine a engagé dans sa région du Xinjiang (nord-ouest) une politique de surveillance maximale des Ouïghours après de nombreux attentats meurtriers commis contre des civils. Pékin accuse la mouvance séparatiste et islamiste ouïghoure. 

Selon des experts étrangers, les autorités chinoises ont interné au moins un million de personnes, notamment ouïghoures, dans des «camps». Pékin parle de «centres de formation professionnelle» destinés à aider la population à trouver un emploi et ainsi l’éloigner de l’extrémisme. S’estimant victimes de persécution, des Ouïghours ont fui en Turquie. «Le comité permanent de l’Assemblée nationale populaire a ratifié» le «traité d’extradition» sino-turc, a indiqué samedi soir dans un court communiqué le parlement chinois sur son site internet.

«Ce traité d’extradition va provoquer la panique parmi les Ouïghours ayant fui la Chine et n’ayant pas encore la citoyenneté turque», déclare Dilxat Raxit, porte-parole du Congrès mondial ouïghour, organisation d’exilés basée en Allemagne. «Nous appelons le gouvernement turc […] à empêcher que ce traité devienne un instrument de persécution», indique-t-il, assurant que Pékin exerce une pression économique sur la Turquie afin qu’elle ratifie le traité.

La question est délicate pour Ankara, car les Turcs sont en général sensibles à la cause ouïghoure. Des articles de presse accusant la Turquie de déjà discrètement expulser des Ouïghours vers la Chine ont ainsi provoqué un tollé dans l’opinion. La Turquie est le seul pays à majorité musulmane à avoir jusqu’ici dénoncé publiquement le traitement des Ouïghours. Le ministre turc des Affaires étrangères avait ainsi qualifié, début 2019, la situation de «honte pour l’humanité». Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait cependant vanté, l’an passé en Chine, la politique menée au Xinjiang, y jugeant les gens «heureux», selon des propos rapportés par l’agence officielle Chine nouvelle.

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